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http://p3.storage.canalblog.com/31/31/186162/36268865.jpgA l'occasion de ce mois anglais organisé par les inséparables Lou  Titine et Cryssilda, nous lisons la grande Daphné du Maurier. J'avais déjà lu et beaucoup apprécié un recueil de nouvelles parmi lesquelles l'excellent (et bougrement flippant) The birds, qui inspira Hitchkock. Pendant quelques jours de vacances j'ai dévoré l'histoire d'Honor gente dame anglaise prise dans le tourbillon de la première guerre civile anglaise qui vit le Lord Protecteur prendre le pouvoir.

Nous sommes au XVIIème siècle dans les Cornouailles, et Kit Harris, le frère d'Honor, se marie avec Gartred Grenville. Le frère de celle-ci, Richard, est un officier de marine arrogant, excellent soldat mais sans pitié. Bien sûr, Honor tombera amoureuse de cet homme. Mais juste avant le mariage, elle est victime d'un accident qui la laisse paraplégique. Le mariage est bien sûr annulé, d'autant que si Richard Grenville était prêt à accepter une épouse sans grande dot, l'infirmité était un peu too much. (A sa décharge, de toute façon, Honor ne voulait plus l'épouser). Il s'en alla donc épouser une riche veuve.

Des années plus tard, le parlement se révolte contre le roi Charles Ier. La Cornouailles prend fait et cause pour son roi, et Richard Grenville, après avoir magnifiquement roulé dans la farine le Parlement, revient dans sa région d'origine pour se battre contre les insurgés. Bien entendu, il retrouvera Honor, et leur passion reprendra de plus belle. 

Sur près d'une vingtaine d'années (si je ne me trompe), nous vivons avec Honor les errances et les batailles dont on ne sait que peu de chose, et encore, en décalé; la peur de ceux qui sont sans défense face aux troupes "d'invasion"; et l'amour impossible.

Vous vous imaginez une bluette facile? Un roman de cape et d'épée à la Dumas? Que nenni mes amis, rien de tout cela. Daphné du Maurier détourne de façon magistrale le genre du roman historique, pour une intrigue qui fait écho au contexte dans lequel elle écrit: on est alors au printemps 1945 et elle est elle-même femme de soldat... Etre une femme durant un conflit n'est pas chose facile...

Pas de grandes envolées guimauvesques, pas d'apitoiement larmoyant. Non, Honor, personnage attachant, fort en dépit de (grâce à ?) son handicap n'est pas une écervelée. Rendue à jamais à l'état de spectatrice, elle observe le monde avec une acuité cruelle, sans fard. Personne, sous son regard n'est épargné: ni Richard paradoxal dans sa tendresse envers Honor, alors qu'il fait preuve d'une cruauté glaçante vis à vis de son fils Dick, soldat impitoyable que rien n'effraie ni n'arrête à la loyauté envers son roi à toute épreuve ; ni Gartred femme fatale, femme calculatrice (mais une femme doit bien trouver moyen de survivre dans une telle époque, n'est-ce pas?), ni, évidemment Honor elle-même.

En racontant l'amour impossible, la défiance envers les convenances, Honor, qui ne manquerait jamais d'honneur et de dignité (elle qui traversa le pays à la suite de son amant au mépris de toutes les conventions), conte également les ravages d'un pays soumis à la guerre civile où tout est permis, les vainqueurs d'un jour martyrisent les vaincus, et la semaine d'après, les rôles s'inversent en un manège qui laisse les populations et les territoires éreintés, traumatisés, ruinés.

Daphné du Maurier parle ainsi bien de la guerre, au sens général, pas seulement de celle qui sévit dans l'Angleterre du milieu du 17ème siècle. Dans un style vivant, très rythmé, elle nous entraîne dans une saga palpitante, flamboyante et tragique, dont on ressort vidé.

Ca y est? ce titre est noté dans votre calepin "a lire d'urgence"? Non? Tsssss

Lisez donc le billet de Papillon tout aussi enthousiaste ou ceux de Thom, Karine et Lilly.

Tag(s) : #Ma bibliothèque, #coups de coeur
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