Francine : « J'ai posé mon verre «

Publié le par kreizker

in "L'Union - L'Ardennais", 14 novembre 2011

51e anniversaire des Alcooliques anonymes

A Châlons, l'association des Alcooliques anonymes aide ceux qui veulent retrouver leur liberté face à la boisson. Comme Francine, 56 ans, qui vient de souffler la bougie de son premier anniversaire : un an sans une goutte d'alcool.

 

QUATRE saisons, 365 jours. Une révolution de la terre autour du soleil. Un an sans toucher à un seul verre. S'il existe des anniversaires qui comptent plus que d'autres, c'est bien ceux que fêtent au jus de fruit les Alcooliques anonymes. En l'honneur de l'un d'entre ses membres qui ont cessé de boire une année entière. Ceux qui savent mieux que quiconque le combat au quotidien que représente l'abstinence.
Francine vient de passer le cap symbolique d'une année sans lever un verre d'alcool à ses lèvres. L'occasion pour elle de mesurer le chemin parcouru. Elle est née dans le vignoble de l'arrondissement châlonnais. C'est une femme de viticulteur, âgée de 56 ans. Son rôle consiste à commercialiser le champagne. Longtemps, sa consommation n'est restée que ponctuelle et festive. Puis régulière : « Vous comprenez, on a tout à la maison, champagne, vin rouge, ratafia, il n'y a pas besoin d'aller faire des courses. Tout est à portée de main. Au supermarché, certains sont obligés de se cacher pour acheter leurs bouteilles ou bien ils achètent leur alcool avec autre chose pour ne pas montrer qu'ils ne prennent que cela ! Mais pour moi, c'était tellement facile ! ».

 

Idées suicidaires
C'est aux environs de la cinquantaine qu'elle se rend compte de sa dépendance, ce corps qui appelle son dû. Sa consommation ? Un rite immuable durant de longs mois. De la bière dès 10 h 30. Cinq canettes de Leffe consommées jusqu'à l'heure de l'apéritif. L'apéro ? « Du ratafia, entre trois et quatre verres. L'après-midi, je dormais environ jusqu'à 18 heures. Et puis au réveil, je me disais : non, je ne vais tout de même pas reboire, mais je recommençais : bière d'abord, rata après ». A chaque jour de la semaine, le même scénario se répétait, valse de verres souvent solitaires qui s'additionnent et dont on ne peut plus se passer. Avec aussi parfois, du vin à table. Le week-end, la consommation revêtait un autre aspect : « Je faisais déguster du champagne aux clients, et après leur départ, je finissais la bouteille en cachette. Parfois mon mari s'étonnait : je disais que c'était eux qui l'avaient terminée. Je crois qu'il se rendait bien compte en fait, comme mon amie qui m'a dit un jour que je sentais l'alcool. Elle m'a dit : arrête de taper dans la gourde. ».
Mais rien n'y faisait vraiment. De temps à autre, intimement, timidement, elle s'interrogeait. Pourquoi tant d'alcool ? Les enfants ? Un conjoint trop souvent absent ? Une vie trop ennuyeuse ? Fréquents chez elle étaient les accès dépressifs, les sautes d'humeurs, l'euphorie succédant à la mélancolie, ou vice-versa : « Les idées suicidaires aussi ». Son mari finira par découvrir une bouteille cachée. Il reviendra un jour alors qu'elle ne l'attendait pas, et qui la découvrira en train de vomir à triple boyau. Francine sera emmenée à l'hôpital et passera un mois et demi dans une maison de repos spécialisée.

 

FRANCE 2011

 

Maladie de l'émotion
A son retour, elle appela les Alcooliques anonymes « parce qu'il fallait que j'aille plus loin ». Ici, on ne juge pas parce qu'on est passé par là. Ici, chacun fait partie de ces 2 % de la population à être alcoolo dépendant. Tous atteints par « cette maladie de l'émotion », explique Jean-Claude, le pilier à Châlons de l'association. Lui aussi est passé par là. Lui aussi s'en est sorti. Parce qu'on lui a tendu la main, il sait aussi la tendre aux autres. Jean-Claude mesure bien entendu l'utilité d'un traitement médical, met en avant le travail des alcoologues, mais il sait aussi que le rôle d'une structure comme celle des AA est primordial : « Les médecins sont des thérapeutes, pas des consommateurs. Le médecin apporte le médicament, nous autre chose. Car le but n'est pas la simple abstinence physique. Il faut être un abstinent heureux. Il faut l'être dans son corps mais aussi dans sa tête Et ça, on l'apprend chez nous ».
Quant à Francine, elle aime à dire : « J'ai posé mon verre le 3 novembre 2010. Depuis, j'ai retrouvé ma liberté ». Mais elle reconnaît que chaque jour est un recommencement : « Ce n'est jamais gagné ». Le week-end prochain, elle sera au palais des congrès à Reims pour le 51e anniversaire national des Alcooliques anonymes. Peut-être croisera-t-elle quelqu'un qui, discret dans un coin, sera venu là pour tenter de confier sa détresse et qui n'ose pas franchir le pas de l'association. Francine promet : à celui ou celle-là qui voudrait un jour se sortir du fléau, elle sera là, pour lui permettre de souffler des bougies de l'abstinence…
Fabrice MINUEL
Pour tous renseignements sur les AA à Châlons : tél. 06.82.86.38.41.

 


 


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Groupe de Châlons en Champagne - jeudi 20h15 

Espace Gabriel Rigot (Rez-de-chaussée) 45 bis av. du Général de Gaulle Porte A - 51000 CHALONS EN CHAMPAGNE

Aussi réunion Al-Anon, même adresse, 1° jeudi du mois, 20h30

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E
<br /> Beau témoignage, quand je suis arrivé a 365 jours sans boire une bière c'était magnifique moi qui buvait tous les jours c'est un chouette anniversaire 1 an d'abstinence. EDDY de Bruxelles<br /> <br /> <br />
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