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17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 11:35

Dans les hospices, certains attendent encore quelque chose, la mort, un repas, une visite; abimés, brinquebalants, ils ne luttent plus, l'horizon de leur espoir ne dépasse guère la journée. D'autres n'attendent plus rien, ils oublient de manger, de boire, ils ne savent plus parler, lire, écrire, ils gisent hébétés sur leur lit, ou dans leur chaise roulante, poussant un cri parfois en réactiion à une image, une personne, arborant un sourire au contact d'une main, en réponse à un regard ou à une parole. Ils sont les victimes du progrès : offrandes du corps médical à sa toute puissance, témoins pour les laboratoires médicaux de l'excellence de leurs médicaments. Car tous sont des miraculés qui ne survivent que par la folie des hommes qui prolongent au-delà de toute raison la vie terrestre; des hommes qui font expier par des vieillards qui n'en peuvent mais, leur rêve absurde d'une vie qui s'allongerait indéfiniment pour profiter encore et encore de délices terrestres. Prolonger la consommation plus loin, élargir le marché des centenaires, voilà le cauchemar consumériste d'une médecine en folie qui éternise les agonies.

Tout viellard a le droit de survivre dans la dignité ou dans l'indignité, mais personne n'a la droit de prôner la survie comme un objectif; personne n'a le droit de bourrer de médecine un corps qui s'abandonne; l'allongement de l'espérance de vie ne peut être le triomphe de l'artefact sur l'humain, oou la rançon d'un attachement d'un proche. Personne ne peut réduire en esclavage un être sans défenses, sans jugement, sans expression cohérente au rpétexte de la maestria technique d'un gériatre ou de l'idolâtrie de parents ou amis. Un vieillard se respecte, n'est pas un matériau pour la science ou une ombre domestique. Les comités d'éthique se sont discrédités dans nombre de pays en réduisant le problème au dilemne euthanasie ou soins palliatifs; faux sujet puisque personne ne peut tuer un individu sans jugement, sans guerre, sans offense, voire en tout état de cause, et personne ne peut admettre une souffrance alors que des moyens existent pour la soulager. Le seul sujet qu'il serait légitime d'examiner est jusqu'où faut-il soigner, et que l'on arrête de sauver des vies, ou de guérir, verbes pompeux et sans signification qui sont les témoins de l'hubris qui a frappé la médecine. 

La visite du pape le jeudi saint à un hospice de vieillards sera peut-être l'occasion de rappeler au respect ceux qui les entourent.

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