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http://www.sonatine-editions.fr/base/livres/-Willocks-Enfants-Ok.jpgVous voulez du sanglant? Vous voulez du mystique (light, le mystique, quand même)? Vous voulez de la guerre de religion? Les douze enfants de Paris est un bon gros pavé qui rassemble tout cela. L'histoire se déroule sur 36h, à Paris du 24 au 25 août 1572. La date vous rappelle quelque chose? Oui! La terrible nuit de la Saint Barthélemy.

Mattias Tannhauser se rend à Paris pour retrouver sa femme Carla, enceinte sur le point d'accoucher, invitée au mariage d'Henri de Bourbon et Marguerite de Valois pour jouer de la viole de gambe lors d'un bal. Il ne sait pas où sa femme réside, mais à peine l'apprend-il qu'il est emprisonné. Il parvient à s'échapper et, au milieu des massacres, Tannhauser finit par trouver le lieu où se trouve Carla, mais quand il arrive à l'hôtel d'Aubray, il n'y a que des cadavres. Il comprend petit à petit qu'il ne s'agit pas là juste d'un hasard de la haine religieuse. Carla était bien visée spécifiquement. Nous suivons parallèlement Mattias et sa femme, chacun tentant de survivre au chaos et à la folie de cette nuit sanglante, et de comprendre pourquoi Carla devait être assassinée.

Mattias et Carla seront chacun accompagné de personnages plus ou moins extraordinaires, tourmentés, meurtris. Du Louvre aux fameuses Cours où les voyous règnent en maîtres, nous nous baladons de massacre en massacre. Un cheval de guerre nommé Clémentine, un chien à moitié brûlé, Lucifer, mais aussi Grégoire garçon d'écurie défiguré par un bec de lièvre, Juste le protestant ou encore les Souris, jumelles prostituées même pas sorties de l'enfance, forment une galerie haute en couleurs. Le tout se déroule sur 48h, je le disais, et il n'y a que peu de temps morts. Ceux-ci sont souvent l'objet de réflexions qui tendent à être, à mon goût un peu trop longues, et qui occasionnent des "trous d'air" dans le rythme.

Si j'ai beaucoup apprécié cette lecture, je regrette pourtant certains aspects du livre: une description à outrance et qui devient répétive des massacres et des prouesses de Mattias - dont je m'aperçois que je ne l'ai pas présenté. L'homme, originaire des Balkans, est un ancien janissaire, chevalier de l'ordre de Malte, il enchaîne les morts avec une maestria qui laisse baba. Exemple: il tue, de manière très élaborée, 19 miliciens dans une maison. A lui tout seul. Alors évidemment, quand il en occit cinq qui montaient les escaliers grâce à son arc et ses flèches, et que l'auteur décrit chaque impact, c'est un chouïa redondant. Du coup, certaines des dernières batailles ont été lues en diagonale. Il y a aussi une erreur historique sur l'amiral de Coligny, et j'avoue que la description d'Henri IV  dans l'épilogue me laisse perplexe.

Mais, voilà, on suit avec beaucoup d'intérêt Mattias dans sa quête pour retrouver sa femme, l'accouchement de celle-ci. Et puis tous ces enfants qui les entourent. Catholiques, protestants, miséreux ou issus de familles cossues. Ils forment une troupe disparate que Mattias et Carla prennent sous leurs ailes. Ils sont attachants et parfois effrayants aussi. Tim Willocks les fait évoluer dans un Paris sale, encombré de cadavres. On sent la puanteur, la chaleur de ce mois d'août 1572, la folie furieuse et démentielle de ceux qui veulent exterminer les Huguenots.

Typique des romans efficaces, "page turner", Les douze enfants de Paris m'a accrochée de bout en bout.

Pour reprendre donc le début de ce billet, si vous aimez le sang, les épées et autres hallebardes, les histoires de complots, de haine, ce livre est pour vous! Mais ne faites pas la même erreur que moi, commencez par le premier tome de la trilogie Tannhauser, La Religion, et non par celui-ci, qui est le second.

Un bon pavé de l'été (presque 1000 pages englouties en quelques jours) qui rentre dans le challenge de Brize.

Tag(s) : #Ma bibliothèque, #coups de coeur
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