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Christoblog

Amore

Amore est une sorte de cauchemard pour le critique, en tout cas pour moi. Le film est tellement foisonnant en terme de références, de styles de mise en scène et de propos qu'on passe rapidement du plus grand énervement à une certaine émotion.

Un bon résumé pourrait être de dire que le réalisateur, Luca Guadagnino, a voulu livrer son Guépard : portrait d'une société en déliquescence à travers la chronique familiale d'une grande famille bourgeoise milanaise.

Les thématiques s'enchevêtrent donc sur le mode du "tout fout le camp" : le patriarche meurt, le fils vend l'affaire à des Indiens, la fille découvre son homosexualité, la mère tombe amoureuse façon Lady Chatterley, les pièces rapportées (la femme d'Edo) sont traitées avec une froide cruauté. Tout cela est montré à travers une mise en scène qu'on peut qualifier de pompeuse, voire pompière (ah, le plafond bleu de l'église, ou l'assiette d'écrevisses qui illumine le visage d'Emma), assemblage de très très gros plans, de quasi noir et blanc, de kaleidoscope, d'images floutées, de variation brusque de profondeur de champ, etc.

On passe tour à tour d'un repas filmé à la Desplechin, à une scène typiquement hitchcockienne (la musique de John Adams), en passant par du Pascale Ferran pur jus. Le dernier plan (à voir après un carton de générique de fin, attention) semble même sorti d'Oncle Boonmee.

On s'ennuie par moment, on s'interroge à d'autres et Tilda Swinton arrive à être à la fois énervante, touchante, parfois sublime.

Amore est tout entier tissé de paradoxes, c'est un grand film malade.


2e

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P
"on est" pas "on n'est"... pffff
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P
On n'est plus proche des Damnés que du Guépard en ce qui concerne l'ambiance. Mais il y a du Visconti dans le style.
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J
En fait tout le monde l'a rapproché du Guépard... Sur la forme, c'est pas faux, mais moins sur le fond, voilà :)
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C
C'est uniquement sur la problématique que je rapprochais le film du Guépard, stylistiquement, je suis d'accord avec toi, ça n'a rien à voir... <br /> Et tu as raison, il y a du Pasolini dedans, mais ce dernier avec un style beaucoup plus homogène je trouve.
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J
Pas trop d'accord sur le rapprochement avec Le guépard, qui s'inscrivait dans un contexte historique et pas n'importe lequel (pas de tel contexte ici), j'ai trouvé le film plus proche de Théorème de Pasolini à quelques différences près (rôle de la religion -> la mère voit une église russe avant de rencontrer l'ami de son fils à San Remo; homosexualité; lieu -> Milan; rang social et profession -> le père est un industriel, la fille est une artiste; rôle de l'amour comme libérateur face au vide de la vie bourgeoise; etc. )<br /> Cela dit, c'est un très beau film :-)
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