Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 23:01

« L’intérêt de l’Angleterre serait d’importer le vin et d’exporter en échange du drap »

 

David RICARDO (1772-1823) – Economiste anglais et dans de sales draps

 

 

Les français sont formidables. Ils ne pipent pas un mot d’économie mais ils en parlent. Ils ignorent que le cours de la cacahouète sur le marché du colchique n’existe pas mais ils le commentent. Ils n’ont aucun avis sur la situation du commerce extérieur mais ils le donnent. On voit qu’ils n’y entendent rien à leur réaction à la création du fonds de garantie de 7 milliards d’euros pour sauver PSA. Les syndicats crient en cœur que cet argent n’a pas servi à sauver des emplois alors qu’il est largement virtuel puisqu’il ne serait utilisé qu’en ultime recours. C’était pareil en 2008 avec le sauvetage des banques mais personne n’a compris ou voulu comprendre.

 

On ne peut pas dire que leurs maitres soient meilleurs. Le ministre du chômage Michel Sapin commente ses courbes ascendantes. Le ministre du déficit Jérôme Cahuzac simule des sacrifices. Le ministre du redressement judiciaire Arnaud Montebourg constate les dégâts. Le compagnon de la célèbre Audrey Pulvar pose en marinière ou en barboteuse - on ne sait plus bien - pour mouiller la chemise en faveur du Made in France. Promis, demain il enlève le bas. Or malgré son sourire enjoliveur plus qu’enjôleur, il n’est qu’un inspecteur des travaux finis.

 

Bien finis même. Socialistes et centristes réunis ont fait campagne pour le « Produire en France » alors que l’industrie nationale ne fabrique plus grand-chose sur le territoire. La Chine et Taiwan ont gagné le combat du Made in et l’Inde et le Qatar financent nos entreprises en perdition. Car entre Arcelor et le PSG, il y a bien ce point commun qu’aucun patron français n’a été foutu d’investir pour racheter ces joyaux en péril. Taxe à 75% ou pas. Notre pays ne vend plus car produire en France est devenu trop cher. Il faudrait un vrai choc de compétitivité.

 

Or nos responsables politiques considèrent avant tout le « Produire en France » comme du patriotisme économique. Autant dire du protectionnisme. La droite prône la TVA sociale en disant taxer les importations alors que cela viole les règles de l’OMC. La gauche préconise la hausse des charges patronales pour dissuader même les vilaines firmes étrangères de s’installer chez nous. C’est encore l’histoire du vendeur de lampes : il croit qu’il ne vend plus à cause de la concurrence déloyale du soleil et voudrait qu’on l’éteigne par décret. Ce serait se voiler la face.

 

Pour produire en France, il faudrait déjà que les étrangers achètent français. Ce n’est pas gagné. Les articles français souffrent non seulement d’un prix trop élevé face à la concurrence mais aussi d’une qualité considérée inférieure. On mélange critères objectifs et subjectifs, mais l’image de marque compte beaucoup à l’export. C’est pour cela que l’Allemagne nous taille des croupières alors que ses produits sont au moins aussi chers. Or si l’atout charme de la France est indéniable avec ses maisons de grands couturiers et son french kiss, elle est aussi détestée pour son arrogance et ses french fries. L’exception française n’est pas du tout un modèle.

 

Même les français ne consomment pas toujours français. En créant une agence « Atout France » censée mener le marketing territorial de la France à l’étranger, le gouvernement a parfaitement souligné les lacunes de notre pays pour vendre et se vendre. Une communication échevelée, avec trop de marques de territoire sans logique d’ensemble ni idéal commun. Une capitale sous-exploitée, qui fait rêver partout dans le monde sauf en France où le Grand Paris et le Conseil régional se chamaillent avec la mairie et l’agglomération pour exercer l’attribution. Un éparpillement général des moyens, ce qui rend nos résultats tout aussi moyens puisque la multiplication des pôles de compétitivité va avec la division des rôles et des compétences.

 

L’exportation subit ce qu’on appelle un phénomène de longue traîne : peu d’entreprises exportent beaucoup et beaucoup d’entreprises exportent peu. Les grands groupes du CAC 40 devaient porter dans leurs porte-bagages les PME, mais il n’y en a pas assez qui atteignent la taille critique pour partir à l’aventure. Donnez-nous 3000 PME de plus, et nous rattrapons l’Allemagne ! Enfin presque. Car pour gagner la guerre économique avec la Chine et l’Asie, il nous manque au moins deux éléments que sont l’esprit guerrier et l’économie. Autrement dit la fierté nationale et le travail. Car pour produire en France, il faudrait déjà travailler en France.

 

Or les usines délocalisent et le gouvernement ne veut pas que les salariés se fatiguent. Nos produits sont finis et notre croissance n’est plus soutenue par les seuls loisirs. Mais certains confondent « Produire en France » et « Se reproduire en France ». Loin d’être exponentiel, notre potentiel est asymptotique. La France est la cinquième puissance économique du monde, mais elle reste un pays moyen-petit. Il faut donc s’ouvrir et considérer produit en France ce qui est produit par une entreprise française même si ce n’est pas sur le sol français. Il faut au moins produire français à défaut de produire en France. Or on n’exporte bien que si on se porte bien.

Partager cet article
Repost0

commentaires

L
Acheter Français, c'est bien, mais acheter produit en France, c'est mieux. Vos constats sont justes, mais l'objectif, c'est de faire justement réapparaître une industrie digne de ce nom dans notre<br /> pays.
Répondre
C
<br /> <br /> Est-ce seulement possible avec ce gouvernement qui se refuse à lancer tout choc de compétitivité ?<br /> <br /> <br /> Il y aurait pourtant des mesures à prendre d'extrême urgence : MANIFESTE POUR UNE INDUSTRIE COMPETITIVE http://en-rase-campagne.over-blog.com/article-competitivite-francaise-psa-aulnay-108167651.html<br /> <br /> <br /> <br />
C
Un peu injuste avec le gouvernement...
Répondre

À Propos De En Rase Campagne

  • : En rase campagne
  • : La politique est toujours en campagne, CARBONE 12 aussi ! Lancé à 100 jours du 2e tour des élections présidentielles de 2012 pour redonner de la hauteur à un débat qui volait bas, EN RASE CAMPAGNE est un blog qui commente la vie politique française.
  • Contact

L'EMPREINTE CARBONE

Projet de loi de finances : se serrer la ceinture ou baisser son froc devant Bruxelles, telle est la question. 

 

Retrouvez tous les billets "L'empreinte carbone" 1 2 3 4 5 6 7 

AU RAS DES PÂQUERETTES

Poisson d'avril de Ségolène Royal : les autoroutes gratuites le week end. Mais qui peut contrôler ce qui se passe dans son cerveau ? 

 

Retrouvez tous les billets "Au ras des pâquerettes" 1 2 3 4

DU CARBONE DANS LA CERVELLE

Entre deux meetings, Nicolas Sarkozy recommence ses conférences grassement payées à l'étranger. Cela pourrait le desservir. 

 

Retrouvez tous les billets "Du carbone dans la cervelle" 1 2 3 4 

Les Idees De En Rase Campagne