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Christoblog

Head on

Cela commence comme une sorte de mariage blanc. Sibel veut s'échapper de sa  famille en se mariant à n'importe quel allemand d'origine turque. Cahit, veuf en deuil et auto-destructeur, s'en fout un peu. Tous deux viennent d'échapper à une tentative de suicide.

Le film continue comme une comédie romantique à la sauce germano-turque arrosée de cocaïne. Les préparatifs du mariage et la cérémonie elle-même sont montrés avec tous les artifices de la comédie ethnico décalée. Sibel profite ensuite de sa toute nouvelle liberté d'épouse pour baiser à tout va. Cahit fait de même avec sa vieille amie Maren. Mais comme dans toute bonne comédie romantique, ce qui est en train de se jouer dans ce couple bizarre et déjanté, c'est la germination d'un sentiment fragile... jusqu'au drame.

Le film glisse alors vers la tragédie antique en même temps qu'il file vers l'Est, direction Istanbul, en  même temps que les cheveux de Sibel raccourcissent. Cette deuxième partie est une merveille d'écriture et de mise en scène, dont je ne dévoilerai rien, afin de ne pas ternir votre joie de spectateur.

On retrouve dans Head on toutes les qualités des deux films suivants de Fatih Akin (De l'autre côté, Soul kitchen) : un sens aigu du rythme, une bande son parfaite, un montage au cordeau, une direction d'acteurs exceptionnelle (Sibel Kekili est légère comme une plume - et elle porte si bien son prénom, Birol Unel sombre comme un puits sans fond), un génie de la mise en scène qu'on dirait inné, et un de ces merveilleux scénario en mille-feuilles qui capte l'attention de la première à la dernière seconde.

Le film est ponctué par de courts intermèdes musicaux proposés par un groupe de musique traditionnelle turque interprétant une chanson d'amour, filmé en plan large sur fond de Bosphore. Ce groupe apparaît en fin de film comme un choeur antique accompagnant la progression dramatique de l'histoire. Il nous salue en un dernier plan magnifique, en même temps qu'il annonce la naissance d'un très grand réalisateur.

 

3e

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B
Joli critique pour un film magnifique. La première fois que je l'ai vu, je me suis dit : j'aime, j'aime, j'aime !!! Le film ou le réalisateur ? Les deux, il va de soi ;-)
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D
Rebonjour, j'ai adoré de film à sa sortie. Cela sort des sentiers battus et les acteurs sont sensationnels. Je l'ai bien évidemment préféré à soul kitchen. Bon dimanche.
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C
Ta remarque mymp me rappelle celles à propos de "l'intermède" breton dans Non, ma fille, tu n'iras pas danser de C Honoré. Face à de tels hiatus,de telles entailles, il est difficile d'avoir un point de vue mesuré. Soit on est à fond dedans, soit tout à fait en dehors.<br /> Reste que Head on est un film absolument magistral, c'est même bizarre qu'on en parle pas plus.
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M
C'est le coup de maître de Akin, son plus beau film pour l'instant. En revanche, je n'ai pas vraiment aimé, pour ma part, les intermèdes musicaux ; ils brisaient la tension, l'énergie du film, l'alchimie parfaite entre Kekili et Unel (quel duo d'acteurs quand même, aussi barré l'un que l'autre).
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Y
Je n'ai pas encore eu l'occasion de voir ce film. Mais j'ai vu ses deux autres. Aussi de lire ta critique, m'a donné envie de retrouver ce réalisateur au talent incroyable :)<br /> PS : Je reviendrai te parler de "Tout ce qui brille " et "a single man" A++
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