Ma réponse à cette question est assez mitigée.
Le passage par la case nouvelles est très instructif pour un auteur en herbe. Cela oblige à synthétiser ses idées et (chose appréciable) à les mener au bout. Combien d'auteurs de chef-d'oeuvre inaboutis ? On part dans une intrigue, on se disperse sur un tome, deux, trois... et au final, rien, on n'arrive pas à conclure. La nouvelle vous oblige à arriver à vous confronter à la peur du mot "fin" (pour moi, bien plus effrayant que la page blanche).
Écrire des nouvelles, c'est également se donner une chance de parvenir plus vite à l'édition par le biais des appels à textes. Par là, on se fait connaître des éditeurs, des lecteurs... On apprend également à corriger avec un professionnel, ce qui apprend beaucoup pour mener à bout ses romans seul.
Un éditeur qui fait un appel à textes (ouvert au débutant) s'attend souvent à des textes à retravailler. La sélection est rude, mais elle est de l'ordre d'une vingtaine de textes choisis sur une centaine (pour les AT qui ont du succès). Rien à voir avec l'unique roman sélectionné sur une centaine (voire plus). Les petits éditeurs prennent généralement le temps de lire une nouvelle dans son intégralité pour s'en faire une idée (voire la faire lire à d'autres, voir là-dessus mon article sur le comité de lecture). Pour un roman, la sélection est souvent faite dès les premières pages. Il est donc particulièrement utile d'apprendre à traquer ses petits défauts pour améliorer son style. Et l'expérience du travail sur une nouvelle avec un éditeur est très intéressant.
Sans compter qu'un auteur qui a eu la chance de séduire des lecteurs au sein d'une anthologie a plus de chance de vendre son premier roman (il y en a tellement qui paraissent, il faut bien faire un choix).
Mais (car il y a toujours un mais dans mes billets), il faut se méfier d'un certain nombre de pièges quand on chasse l'appel à textes.
Tout d'abord, il y a l'aspect très chronophage de ce sport. Si vous aimez ça, tant mieux. Si par contre ce sont vos romans qui vous tiennent à coeur, vous ne devez pas perdre vos projets de fond pour courir derrière des appels que les dates butoir rendent souvent prioritaires. Pour éviter cela, je vous conseille un calendrier. Vous en sélectionnez quelques-uns selon des critères qui vous sont propres et vous oubliez les autres. Ne cherchez pas à tous les faire, vous y épuiseriez votre plume.
L'autre danger vient aussi du fait qu'un auteur de roman n'est pas forcément un bon auteur de nouvelles (et inversement). Ainsi vous risquez de vous faire connaître mais plutôt pour des textes anecdotiques. Il y a peu de chances qu'ils soient mauvais si vous avez été sélectionné, mais "anecdotique" ça peut suffire à jouer en votre défaveur dans un monde où la surproduction livresque pousse le lecteur à une sélection impitoyable. Pour ceux qui ne se reconnaissent vraiment pas dans l'écriture de nouvelles, n'oubliez pas qu'il existe d'autres moyens d'affûter votre plume comme la bêta lecture. Ne vous forcez pas à écrire des textes qui ne reflètent pas ce que vous avez à dire. Un texte "pour vendre" ça se sent. Et vous pouvez très bien accéder à l'édition sans cela, comme l'ont prouvé un certain nombre d'auteurs arrivés directement avec des premiers romans.
La rédaction de nouvelles dans le but d'accéder à la publication est donc une bonne option, mais ce n'est pas la solution ultime et elle ne doit jamais en venir à dévorer vos autres projets.
C'est en tout cas ce qui a failli m'arriver récemment, alors je fais une pause (et au passage, je passe à un billet tous les deux jours au lieu d'un billet quotidien pour ne pas épuiser non plus ce que j'ai à vous dire) et je me remets à mes neuf projets ^^