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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 23:11

« Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage »

 

Joachim du BELLAY (1522-1560) – Poète français et voyageur cent bornes

 

 

Un peu d’histoire. Au milieu du Moyen-Âge, les arabes crurent envahir la France mais Charles Martel les arrêta à Poitiers. Pour se venger, les chrétiens d’Europe prirent leur bâton et partirent en pèlerinage et en croisade à Jérusalem pour taper et évangéliser les sarrazins. A la fin des Temps modernes, ils revinrent convertir et coloniser les sauvages d’Afrique noire. Pour se dédommager, ceux-ci ont naturellement traversé la Méditerranée à la nage pour nous rejoindre.

 

La France avait déjà été envahie de partout et par tous. Paillasson de l’Europe, tous les barbares des goths aux francs sans passer par les huns lui sont passés dessus. Elle a fait la guerre pour résister encore et toujours à l’envahisseur romain, anglais ou boche. Elle a amassé tous les peuples d’Europe : ritals, polacs, roskofs, espingouins, portos... Non sans mal, et l’extrême droite des années 1930 n’avait pas d’insulte judaïque assez dure pour leur cracher au visage.

 

Fin de ce récit aride. Les frontières se sont fermées durant les années 1970 et la crise a mis fin à l’immigration du travail. Il fallait stopper l’entrée de maghrébins or les arabes avaient largement dépassé Poitiers. On a eu tort sur toutes les lignes. Cette ligne Maginot a modifié les flux de migration sans altérer les stocks. Là où les étrangers allaient et venaient et rentraient et sortaient, on a rapatrié pour toujours les femmes et les enfants dans le cadre du regroupement familial pour y reproduire des immigrés de troisième génération victimes du racisme ordinaire.

 

La rencontre de l’autre devait faire apprendre de cultures différentes. En France elle a tourné au choc des civilisations et à la crise d’identité. Ce n’est pas pour rien que la droite a fait un ministère en collant les mots d’immigration et d’identité nationale. Trop de compatriotes ne se sentent plus chez eux quand ils entendent parler arabe dans la rue, regardent les berbères brûler le drapeau français et voient les femmes voilées cacher leur visage pour le montrer. Telle l’équipe de France de foot dont ils sifflent l’hymne, les ouèch-ouèch remplacent les oui-oui.

 

La gauche a peur des mots et accuse la droite d’en dire des gros. SOS Racisme ne laisse rien passer et punit tous les dérapages. Claude Guéant lui a donné du boulot, mêlant roumains et comoriens comme on mélange torchons et serviettes. Mais il ne faut pas se voiler la face face au problème de l’immigration. Les bons français ne veulent plus payer les allocations familiales des tribus immigrées qui profitent de la politique nataliste pour payer leurs fournitures scolaires.

 

Le problème est plus grave pour les immigrés. Partis plein d’illusions de leur pays à la recherche d’un monde meilleur, ces pèlerins sans frontières n’ont pas de limites. Ils sautent de pays en pays et s’arrêtent de temps en temps au mépris des réglementations nationales. Surtout si les accords de Schengen autorisent même les roumains et les bulgares à jouer les roms et les romanichels dans nos décharges municipales. Ils sont prêts à tout pour trouver du travail chez nous, même à subir l’exclusion. Ils font sauter les frontières qui encerclent nos pensées étroites.

 

Ils nous apprennent que les étrangers ne sont pas des animaux qu’on envoie en charters mais des êtres humains sensibles. Le ministre de l’intérieur vise chaque année 30000 expulsions d’immigrants illégaux et se réjouit d’atteindre l’objectif de ces statistiques idiotes. Le mieux est l’ennemi du bien. Comme on ne trouve que ce que l’on cherche et qu’on ne cherche que ce que l’on trouve, les expulsés viennent souvent des communautés les plus visibles, faciles à mener au centre de rétention administrative. Nos oreilles ont du mal à croire ce qu’elles ont entendu, mais François Hollande ne conteste pas la méthode. Il ne sera pas plus laxiste que la droite.

 

Ils nous apprennent à nous connaître nous-mêmes. C’est à la rencontre de la différence que l’identité française se renforcera en prenant conscience d’elle-même. C’est triste à dire mais elle s’exacerbera au lieu de se nourrir à leur contact. Les dernières frontières restantes sont psychologiques plus que physiques et les français voient moins leurs murs d’incompréhension intérieurs que les différences d’état civil extérieurs. Or on ne porte pas de drapeau sur la photo.

 

Ils nous apprennent enfin à remettre en question nos attitudes. C’est un hommage qu’ils nous rendent en venant chez nous chercher une vie meilleure et un dommage qu’ils nous causent en cultivant leurs coutumes au mépris de l’universalisme républicain. Le problème de l’immigration est devenu trop grave pour continuer à l’aborder avec la mentalité d’hier. Il faut que tombent les frontières de l’imagination et les pèlerins reprendront le sens de la circulation.

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