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Et un dialogue de Francis Perrin avec "le" Gérard Miller de la télévision (et frère de JAM par ailleurs...)
Francis Perrin : « La haine ne permet pas d’avancer »
Gérard Miller - publié le 10/05/2012
Comédien, réalisateur, directeur de théâtre, Francis Perrin publie avec son épouse, Gersende, Louis, pas à pas (JC Lattès), un livre qui veut « redonner espoir aux parents » et montrer que « l’autisme n’est pas une fatalité ».
Vos parents travaillaient dans le cinéma. Enfant, ça vous a influencé ?
Non, pas du tout, mes parents ne me parlaient pas de leur métier et encore moins des acteurs puisqu’ils étaient techniciens. J’ai appris très tard que ma mère avait été la scripte de Sacha Guitry. Quant à mon père, s’il a joué un rôle dans la naissance de ma passion, c’est en m’emmenant très tôt au théâtre. La première fois, j’ai été fasciné par le lever du rideau, au début du spectacle. J’ai vu tout un univers s’ouvrir devant moi et je me suis dit : « Tiens, je suis ailleurs. »
Des années plus tard, trois fois primé au Conservatoire, vous avez trouvé logique d’entrer à la Comédie-Française ?
Oh, vous savez, rien dans ma vie ne m’a jamais semblé logique ! De fait, j’avais déjà monté des pièces et j’avais écrit plusieurs spectacles burlesques.
On avait commencé à me remarquer, mais je m’attendais d’autant moins à entrer à la Comédie-Française que je venais juste de signer avec un théâtre de boulevard pour jouer le rôle du fils de Jean Poiret dans La Cage aux folles !
C’est ce qui explique que vous ayez quitté les lieux aussi vite ?
Me retrouver dans cette maison de rêve à 25 ans, à côté d’acteurs que j’admirais depuis toujours comme Jacques Charon, Geneviève Casile ou Robert Hirsch, était extraordinaire, mais je n’ai pas supporté l’agressivité de l’administrateur général, Pierre Dux. Je l’ai admiré comme comédien, je l’ai détesté comme homme.
Que diable vous a-t-il fait ?
Il disait par exemple au jeune homme que j’étais : « Vous n’avez pas de voix, pas de physique, vous ne jouerez jamais les premiers rôles. » Comme je ne supporte pas les conflits, je suis parti, ce qui m’a été finalement bénéfique, puisque j’ai retrouvé ce à quoi je tiens le plus : mon indépendance.
Pourquoi avoir ensuite privilégié si longtemps les rôles de rigolo ou de gaffeur sympathique ?
Mon physique et ma manière de parler amusaient et, à défaut d’être intelligent, je suis malin. J’ai vu là une opportunité pour jouer un personnage conforme à ce qu’on me demandait. Je ne renie rien de ce passé, mais comme, l’âge venu, on me propose bien d’autres rôles, je suis ravi. Quand je joue au théâtre un personnage horrible, que je détesterais dans la vie, et que certains spectateurs crient : « Salaud ! », je suis heureux comme tout.
Des salauds, on a le sentiment, en lisant votre livre, que votre femme et vous en avez rencontrés beaucoup, quand vous cherchiez une prise en charge adéquate pour votre petit garçon autiste ?
Quand vous allez voir un psychiatre dans le but qu’il vous aide et qu’il vous répond : « Laissez tomber, il faut que vous fassiez le deuil de votre enfant », vous avez bien du mal à ne pas lui en vouloir. Mais Louis a aujourd’hui 10 ans, il est autonome, et nous n’avons pas écrit ce livre par haine, mais par amour.
La haine, les sentiments violents, ne permettent jamais d’avancer.