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Par Gilles Munier (Afrique Asie – mars 2013)
Les téléspectateurs irakiens prêtent de moins en moins attention aux « aveux » filmés de « terroristes », le regard vide et le visage parfois tuméfié par les séances de torture. Ils savent que leurs déclarations ont été apprises par cœur sous la menace. Alors, en novembre 2011, Adnan al-Asadi, ministre de l'Intérieur par intérim – Nouri al-Maliki est le véritable titulaire du poste - a fait plus fort. Il a organisé, en direct, un show télévisé barbare : vingt et une personnes – sans doute sunnites - soupçonnées d’activités terroristes ont été jetées en pâture à une foule de femmes et d’enfants en larmes réunie dans un auditorium et présentée comme un groupe de veuves et d’orphelins. Le « ministre » a détaillé les meurtres dont les détenus étaient accusés et, comme il fallait s’y attendre, la scène a dégénéré en hurlements de haine, en insultes, en crachats et jets de chaussures sur les « criminels » supposés. Les caméras s’appesantissaient sur le visage des femmes et des enfants brandissant la photo de leur père ou de leur fils tué, ou implorant Dieu et criant vengeance. On s’en doute, ce genre de spectacle n’est pas de nature à réconcilier les Irakiens entre eux.
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