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Christoblog

Vénus noire

MK2 DiffusionVénus noire est une nouvelle démonstration du fait que les bonnes intentions ne font pas les bons films.

Certes, l'histoire que conte Kechiche est intéressante, bien que très connue de ceux qui suivent un peu l'actualité : il s'agit de la dégradante exploitation d'une femme noire africaine aux attributs sexuels sur-développés. Dégradation qui emprunte à tous les modes : exhibitionnisme, examen indécent par des scientifiques, prostitution, vente du cadavre, etc...

L'histoire se déroule au XIXème siècle et trouve un épilogue à la fin du XXème avec la restitution du corps à l'Afrique du Sud.

Le cinéma de Kechiche est puissant, dense et même dans certaines scènes (les deux premières par exemple) virtuose. Sa manière unique de capter les regards et les expressions des figurants est remarquable.

Son problème, comme dans ses précédents films, est de ne pas réussir à canaliser complètement cette énergie. Du coup, le film présente un certain nombre de points faibles et de déséquilibres véritablement gênants. Certains aspects sont complètement ratés, par exemple les décors lointains de Paris et Londres qu'on dirait peints par un enfant de 10 ans, ou l'idylle bucolique et platonique entre Sarah et le jeune naturaliste, qui tombe complètement à plat.

Les tics habituels de Kechiche gênent aussi (mouvements de caméra incessants, très gros plans sur les visages), même si le réalisateur s'est assagi depuis L'esquive. Et surtout, après un bon départ, l'intérêt pour le destin de la Vénus s'étiole progressivement, probablement par un effet de répétition de certaines scènes qui deviennent lassantes. On en vient à culpabiliser de ne pas éprouver de compassion pour cette pauvre fille !  L'horreur se banalise quand elle est répétée à ce point : Kechiche aurait probablement gagné en impact en raccourcissant son film d'une heure.

Le jeu de la jeune Yasmina Torrès, particulièrement opaque et inexpressif, n'aide pas à générer de l'empathie.


Vénus noire renvoie constamment à Elephant Man, le magnifique film de David Lynch, et bien sûr, souffre cruellement de la comparaison.

 

2e

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F
Vraiment rien à voir avec Salo. Fabrice pour le voir il faut être blindé ! Moi qui suis pas mal blasé, j'ai eu beaucoup de mal, d'ailleurs je ne le reverrai jamais je pense. Je ne vois pas non plus le rapport avec Irréversible mais bon je ne dis rien : The american m'a bien fait penser à Amore, alors...
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H
Comme Anna, la scène dans le salon libertin m'a mis très mal à l'aise... n'ayant pas encore eu le courage de voir Salo, je ne peux pas comparer... Par contre, moi, pendant cette scène j'ai "pensé" au viol de Monica Bellucci dans "Irréversible"... d'un point de vue "émotionnel", j'ai ressenti ce même sentiment bizarre, où je me dit que le film me met vraiment mal à l'aise... Comme dit Pierre, la fin de la scène où certain veulent s'arrêter à cause des larmes de Saartje est terrible, comme s'il fallait des larmes pour qu'ils se rendent compte... J'ai beaucoup de mal à dire ce que j'ai ressenti, ce qui est sûr c'est que j'ai trouvé l'ensemble brillant.
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P
@ PL : Kechiche a toujours divisé. Rappelons-nous les débats mémorables autour de La graine et le mulet.
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P
Désolé Chris, mais si ça commence comme du libertinage, il est clair que la fin de la scène est beaucoup plus proche du viol que de la partouze. C'est d'ailleurs ici l'un des exemples que les scènes ne sont jamais les mêmes. On franchit un palier à chaque fois. Au risque de me répéter, c'est la première scène où Saartjie pleure, et ce sont ses pleurs qui font que certains veulent arrêter. Tant qu'elle n'exprime rien, tout va bien, mais lorsqu'elle a des réactions d'être humain tous les repères disparaissent.
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C
Au risque de passer pour un gros salaud, les scènes de libertinage dans le salon ne m'ont pas semblées insupportables, en tout cas je ne les ai pas vécu plus durement que les scènes de prostitution par exemple. Pour ceux qui ont vu Salo, quand même, y figurent des scènes autrement plus dérangeantes....
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