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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 08:02

Un modèle réduit…

 

Pont-invalides.jpg


Quelques semaines après avoir résolu l’énigme de “ L’été meurtrier à Pont-Aven ”, (N° 4020, même collection) Clémence de Rosmadec a repris ses habitudes. Elle fréquente l’atelier de dessin de maître Cormon, en compagnie notamment de son ami Antoine, un trublion farceur qui fabrique des sifflets avec des noyaux d’abricot. Elle peint également dans son atelier de verre, situé au fond du jardin de la propriété familiale de Neuilly, un cadeau de son père architecte.

En ce jour de la fin octobre 1886, Clémence est furieuse et inquiète. Son modèle, Giovanna jeune fille d’origine italienne, ne s’est pas présentée comme convenu au rendez-vous habituel. Elle apprend par les journaux que celle-ci a été retrouvée noyée dans la Seine, après avoir été étranglée. Elle décide alors de se substituer à la police, le commissaire André Kerlutu, secrètement amoureux depuis sa jeunesse de Lysandre, la mère de Clémence, ayant d’autres chats à fouetter.

En compagnie d’Antoine et d’Erwan, le neveu de Kerlutu dont elle avait fait la connaissance à Pont-Aven et qu’elle a retrouvé étudiant assidûment ses cours de droit, elle s’intéresse d’abord à la vie intime de Giovanna, afin de mieux cerner la personnalité de la disparue. Giovanna avait été ramenée d’Italie par Luigi, un rabatteur pour maisons closes, et vivait dans un garni sordide où les filles transitent, sont éduquées, avant d’être disséminées dans les bordels. Le cocher qui avait découvert le corps, Bouboule, avait été inculpé comme présumé coupable mais il est relâché, et coïncidence, c’est un ami d’Antoine. Il a vu deux personnes sortir d’un fiacre et jeter le corps dans le fleuve. S’il n’a pas distingué les traits des individus, il peut toutefois préciser que des armoiries ornaient le véhicule.

Elle enquête aussi chez maître Cóllico, chez lequel Giovanna exerçait son métier de modèle. Curieux bonhomme que ce Cóllico, dont la femme, une grosse matrone prénommée Berthe, s’érige en régente au milieu des élèves formant la cour d’un artiste académique et sectaire. Mais une information vient jeter la confusion : Giovanna était enceinte de trois mois.

 

Cette nouvelle intrigue mettant en scène Clémence de Rosmadec n’est en réalité qu’un aimable prétexte pour Yves Josso de plonger le lecteur dans l’ambiance artistique de la fin du XIXème siècle. On retrouve au fil des pages, Gauguin, Emile Bernard, Van Gogh, Toulouse-Lautrec, Suzanne Valadon, Seurat, Signac, Berthe Morizot et bien d’autres ainsi que le poète Stéphane Mallarmé. On se promène de Montmartre et des environs du cimetière du même nom, à Vaugirard, en passant par le boulevard de Clichy, la place Maubert et le quartier de la Sorbonne et de l’Odéon, on découvre un Paris agreste, avec ses champs et ses gardeuses de chèvres, ses terrains en friche, comme celui où est installé l’atelier de Cóllico, l’univers des peintres en devenir, des rapins comme ils disent, leurs déboires et leurs joies, l’entraide qui les anime, eux qui ont du mal à subsister parce qu’ils refusent de stagner dans un art qui n’évolue pas. Ce qui n’empiète pas sur leur joie de vivre, souvent aidés en cela par l’absorption immodérée d’alcool blanc et de verte, comme était désignée l’absinthe. Quant à Clémence, elle se montre une femme libérée avant l’heure, son cœur et son corps ne pouvant se départager entre Gildas et Erwan.


Du même auteur, voir : Eté meurtrier à Pont-Aven.


Yves JOSSO : La noyée du pont des Invalides. 10/18, collection Grands Détectives N° 4021. Septembre 2007. 8,40€.

challenge régions

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commentaires

C
Je vois que tu es en train de lire toute la série! celui-ci a l'air pas mal aussi.
Répondre
O
<br /> <br /> Les trois sont très bien (à mon humble avis comme on dit) et j'attends de pouvoir me procurer le 4ème pour compléter la série<br /> <br /> <br /> <br />
A
Un roman pour intéressant pour son aspect historique plus que par son côté policier.
Répondre
O
<br /> <br /> C'est vrai mais il est bon parfois de se replonger dans une époque surtout dans l'ambiance des artistes peintres. L'aspect policier est le support et parfois c'est plus le cadre qui fait la<br /> valeur du tableau que ce qu'il entoure.<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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