"BIG BOOK" 30 000 000 D'EXEMPLAIRES

Publié le par kreizker

Pour marquer une relation qui s’est poursuivie depuis de nombreuses décennies, les Alcooliques anonymes ont présenté récemment le 30 millionième exemplaire du ‘Big Book’,

Alcoholics Anonymous  à l’Association médicale américaine, lors du Congrès international soulignant le 75e anniversaire des AA, à San Antonio, Texas, le dimanche 4 juillet 2010.

 

HISTOIRE 2010 convention san antonio 2r

Bill Clark, M.D., ancien administrateur classe A (non-alcoolique), a remis le 30 millionième exemplaire de ALCOHOLICS ANONYMOUS à Rebecca Patchin, MD

 

Le Très Révérend Ward Ewing, D.D., président du Conseil des Services généraux des AA, a dit : « L’AMA a reconnu depuis longtemps l’alcoolisme comme une maladie nécessitant un traitement adéquat, et cette reconnaissance a aidé les AA à effacer les stéréotypes et à répandre le message de l’abstinence et du Mouvement ».

 

Depuis qu’il a été publié en 1939, Alcoholics Anonymous a montré la voie vers une abstinence confortable pour des milliers d’alcooliques qui souffrent et qui autrement n’auraient pas trouvé d’aide, en offrant une preuve évidente aux parents et aux amis que les buveurs compulsifs peuvent se rétablir ; il a aussi éclairé les médecins, les psychologues, les membres du clergé et autres professionnels qui travaillent auprès d’alcooliques.

 

En acceptant l’honneur au nom de l’AMA, l’ancienne présidente du Conseil d’administration de l’AMA, Rebecca Patchin, M.D., a souligné : « L’AMA est honorée de cette reconnaissance

pour le travail que nous faisons pour aider à parler de l’abus d’alcool. Les AA ont pu rejoindre et améliorer la vie de personnes dans le monde et ils ont mené la lutte contre cette maladie

dévastatrice ».

 

Individuellement, dans toute l’histoire des AA, de nombreuses personnes qui oeuvrent dans le domaine de la guérison ont offert une connaissance médicale et un soutien alors que les  AA acquéraient de l’expérience dans leur capacité d’aider l’alcoolique qui souffre. La contribution du Dr Silkworth pour exprimer clairement la nature allergique de l’alcool, doublée d’une obsession de boire, a aidé Bill W. à trouver la voie du rétablissement. Soeur Ignatia, la frêle infirmière de l’hôpital St. Thomas à Akron, a littéralement pourvu aux besoins de milliers

d’ivrognes, alors qu’ils devenaient abstinents à l’aile alcoolique de cet hôpital. Le Dr E.M. Jellinek a joué un rôle déterminant en créant le Yale School for Alcohol Studies , qui a donné naissance au National Council on Alcoholism , connu aujourd’hui sous le nom National Council on Alcoholism and Drug Dependence , qui a attiré l’attention au niveau national sur les réalités de l’alcoolisme comme un problème médical et non moral. De plus, il y a eu bien sûr Dr Bob, le bien-aimé cofondateur des AA qui, avec Soeur Ignatia, a traité, encouragé et conseillé un nombre incalculable d’alcooliques dans les débuts des AA.

 

Pourtant, il y avait peu d’organismes dans le domaine médical qui étaient prêts à parler ouvertement de l’alcoolisme dans les premières années de l’existence des AA. Du point de vue médical, l’alcoolisme – et les alcooliques – n’étaient qu’objets de problèmes. Au plan émotif, physique, spirituel et médical, les alcooliques devenaient très souvent des indésirables dans les hôpitaux et avec les professionnels qui tentaient de les aider.

 

Toutefois, en 1956, le AMA Council on Mental Health , dans une « Résolution sur l’hospitalisation des patients souffrant d’alcoolisme » émise par son Comité sur l’alcoolisme, a essayé de redresser l’image négative que de nombreux médecins et hôpitaux avaient à l’égard des alcooliques :

« L’une des plaintes les plus récurrentes des médecins qui voulaient traiter ces patients, c’est

que de nombreux hôpitaux refusaient de les admettre pour un diagnostic d’alcoolisme.

Plusieurs croyaient que ces personnes étaient indociles, peu coopératives et difficiles à

contrôler. À cause de leur fâcheux comportement, les autorités des hôpitaux avaient l’impression qu’ils étaient mal équipés pour offrir le traitement médical de tels patients hyperactifs.

Parce que de tels patients sont indisciplinés et peu coopératifs, cette attitude est compréhensive.

Toutefois, en ce qui a trait à plusieurs de ces personnes malades qui exprimaient

un désir d’être soignés dans un hôpital général, il était généralement reconnu qu’il y avait de la coopération et qu’aucun soin spécial ni équipement n’étaient nécessaires pour traiter

ces patients. On devait insister fortement auprès des hôpitaux pour qu’ils admettent de tels patients diagnostiqués alcooliques, en se basant sur l’état de chaque patient plutôt que de

refuser tous ces patients sans discrimination. Une telle discrimination était très frustrante pour les médecins qui voulaient traiter ces patients, ce qui les décourageait souvent de s’intéresser davantage aux alcooliques ».

 

De plus, le Comité du conseil sur l’alcoolisme a demandé que le AMA Council on Mental Health insiste auprès des autorités des hôpitaux et du personnel « afin qu’ils considèrent l’alcoolisme comme un problème médical et qu’ils admettent des patients qui sont alcooliques dans leurs hôpitaux. » Le comité a de plus ajouté que « l’alcoolisme chronique ne devrait pas être considéré comme une maladie qui empêche l’admission dans un hôpital,

mais plutôt comme une raison d’admission… L’alcoolique chronique en phase aiguë peut, et c’est souvent le cas, constituer une urgence médicale ».

Cette résolution sur l’hospitalisation a été votée unanimement en 1956 par l’AMA House of Delegates , et cela a constitué une victoire éclatante, alors que le plus grand organisme médical au monde en venait à reconnaître l’alcoolisme comme une maladie qui justifiait l’admission dans un hôpital général.

 

Dans une période où on considérait l’alcoolisme, même les membres des AA eux-mêmes, comme une « maladie », une « affliction », une « allergie », la reconnaissance par une importante institution médicale que l’alcoolisme était, à tout le moins, un « problème médical », constituait un progrès. Bien que le mot « maladie » n’ait jamais été utilisé par l’AMA – un mot qui comportait de nombreuses implications au plan des primes d’assurance, de la répartition des fonds fédéraux et autres considérations légales, ainsi que des questions de volonté et de responsabilité – l’organisation a poursuivi ses efforts en pressant les médecins et les hôpitaux de traiter les patients alcooliques du point de vue médical.

 

Une série d’articles a été préparée strictement pour la profession médicale et publiée dans le

Journal of the American Medical Association , donnant des détails sur les aspects psychiatriques et sociologiques de l’alcoolisme. Peu après, un curriculum vitae pour donner des cours sur l’alcoolisme dans des facultés de médecine a été complété par le comité et distribué à toutes les facultés de médecine du pays. En 1961, une déclaration a été rédigée faisant référence aux conducteurs et à leur capacité de conduire sous l’effet de l’alcool, et qui établissait des standards officiels pour le niveau de concentration d’alcool dans le sang.

Ces progrès et d’autres ont créé le climat en 1966, à Las Vegas, Nevada, pour un moment émouvant dans le domaine de l’alcoolisme, où une résolution a été passée par l’AMA et adoptée finalement un an plus tard à Houston, Texas, déclarant que l’alcoolisme est une maladie qui demande que tous les membres de la profession médicale la traite sérieusement.

 

La résolution officielle de 1967 disait « que l’ American Medical Association reconnait l’alcoolisme comme une maladie complexe et comme telle, que ses composantes sont sous la responsabilité médicale. Une telle reconnaissance n’a pas pour but de libérer l’alcoolique de sa responsabilité morale et légale, telle que dictée par la loi pour tout acte commis sous l’influence de l’alcool ; cette reconnaissance n’exclut pas non plus toute arrestation et détention, telle que dictée par la loi pour tout geste antisocial commis sous l’influence de l’alcool ».

 

À partir de ce moment important il y a presque 45 ans, de nombreux organismes professionnels médicaux, religieux et légaux dans le monde en sont aussi venus à reconnaître l’alcoolisme comme une maladie, permettant une plus grande compréhension dans le public et une plus grande disponibilité de choix de traitement, tant au public qu’au privé.

En définissant carrément l’alcoolisme comme une maladie et en insistant sur la responsabilité médicale pour soigner les alcooliques, l’AMA a aussi reconnu la même année le rôle joué

par les Alcooliques anonymes, en déclarant que faire partie des AA était encore le moyen le plus efficace pour traiter l’alcoolisme, et citant le Dr Ruth Fox, une autorité reconnue dans le

domaine de l’alcoolisme : « Avec ses milliers de groupes et ses 300 000 alcooliques rétablis (maintenant plus de 2 000 000), les AA ont sans doute rejoint plus de cas que le reste d’entre nous. Pour les patients qui le peuvent et qui l’acceptent, les AA pourraient bien être la seule forme de thérapie nécessaire ».

De plus, le Dr Marvin A. Block, membre du premier Comité sur l’alcoolisme de l’AMA, a souligné : « Le traitement le plus efficace dans la réhabilitation de l’alcoolique est peut-être une philosophie de vivre compatible avec l’individu et sa famille, une confiance absolue en lui-même qui ne survient qu’après qu’il a appris à se comprendre lui-même, et des rapports étroits avec d’autres qui ont une expérience semblable à la sienne. La collaboration du médecin avec les Alcooliques anonymes est une façon d’obtenir tout cela pour son patient ».

La collaboration entre les AA et les milieux professionnels a continué de progresser au cours des ans depuis la résolution émouvante de l’AMA, et la présentation du 30 millionième exemplaire de Alcoholics Anonymous symbolisait la façon dont l’esprit de collaboration peut profiter à l’alcoolique qui souffre encore et favoriser davantage le rétablissement pour tous ceux qui le veulent.

 

in "BOX 4-5-9", hiver 2010 (vol. 43 n° 4)

 

 

Publié dans histoire AA

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